Chant

Chantons-nous vraiment faux ?

Certains d’entre nous n’osent pas chanter, ayant la conviction de chanter faux, soit parce qu’on leur a dit, soit parce qu’ils en sont convaincus. Erreur ! Voici les raisons pour lesquelles nous avons tout intérêt à persévérer dans notre pratique malgré des obstacles apparents.

Par Ali MODALINA

Publié le 28 février 2022

Notre oreille a une perception relative des sons

Notre oreille interne a une perception relative des sons. C’est-à-dire que si vous entendez une chanson en Ré majeur, que vous la chantez, enregistrez votre voix, puis comparez avec l’original, il est possible que votre restitution soit faite dans une autre tonalité (plus haute ou plus basse, en Fa Majeur par exemple).

On ne pourra pas dire que vous chantez faux, puisque vous aurez probablement respecté les intervalles entre les notes (c’est-à-dire la distance entre chaque note). Pour preuve, on reconnaîtra l’air, le refrain en question.

Ainsi il existe au minimum douze manières de chanter « Au clair de la lune » qui correspondent aux douze tonalités majeures. Peu de personnes possèdent l’oreille absolue, c’est-à-dire une oreille qui entend exactement le son produit, et capable de le restituer à l’identique.

Ce que nous chantons correspond également à la capacité de nos cordes vocales, notre timbre, notre coffre, notre taille, la fréquence de nos vibrations comme tout vrai instrument !

De grands chanteurs n’hésitent pas à demander une réécriture d’une partition dans une tonalité dans laquelle ils seront davantage à l’aise. Certains ne pourront pas chanter avec une voix qui couvre plusieurs octaves. Inutile donc de s’entêter à chanter une partition trop aiguë, vous gagnerez du temps et de l’énergie à travailler une autre version.

Chanter en groupe : la nécessité de s’accorder, de transposer, moduler

Quand vous chantez en groupe vous vous attaquez à un autre défi : s’accorder ! Tout comme le piano sonne en Do Majeur et le saxophone soprano en Si bémol, lorsque vous rencontrez une autre voix cela peut produire au départ une cacophonie. Et comme dans la vie chacun devra s’accorder, trouver un langage commun pour atteindre l’harmonie. Techniquement en musique, les partitions sont réécrites pour chaque instrument transpositeur, en tenant compte de la tonalité de chacun.

Ainsi en prenant la rencontre du piano avec le saxophone soprano (en si bémol), le do deviendra un ré pour le saxophone.

Notre voix est unique : mieux la connaître permet de mieux évoluer

Repérez et analysez les morceaux que vous aimez particulièrement jouer et chanter : quelle est leur tonalité ?

Un professeur de chant peut vous aider à qualifier la tessiture de votre voix et son timbre (sa couleur) : soprano, mezzo-soprano, contralto ou alto, ténor, baryton, basse, timbre chaud, suave, doux, métallique…

Essayez d’identifier la note la plus haute que vous pouvez chanter et la plus basse pour en connaître l’étendue. Cessez de vous comparer (notamment aux divas).

Ces informations vous donneront un bon point de départ pour travailler votre voix.

Ensuite posez-vous quelques questions : pourquoi aimez-vous ou n’aimez-vous pas votre voix ? Qu’avez-vous envie de changer ? Dans quelle direction souhaitez-vous aller ?

Faut-il travailler son amplitude, votre posture, votre souffle ? Êtes-vous trop stressé ?

Travailler son écoute pour améliorer sa justesse

Pour améliorer votre justesse, c’est-à-dire la perception juste puis l’émission du son identique pour vous rapprocher au plus près des compétences d’une oreille absolue vous pouvez essayer régulièrement de retranscrire une musique entendue sur votre instrument puis de confronter votre production à la partition originale.

Associer une note à une couleur, ou un morceau à une note peut également aider votre cerveau à mieux identifier les notes.

Des exercices ludiques pour identifier des intervalles (la distance entre deux notes) existent et vous permettront de retrouver n’importe quelle mélodie sur votre instrument, peu importe sa tonalité.

Enfin chanter dans une chorale vous obligera à travailler la justesse et la mémoire, tout en ayant l’éclairage de la perception de votre voix dans un groupe (tonalité, timbre..).

Chanter doit rester un plaisir avant tout !

S’approcher de la justesse est donc un long chemin si l’on s’en tient au sens strict du terme. En attendant ne boudez pas votre plaisir en chantant… comme bon vous chante !