L’interprétation au piano d’une œuvre musicale

Il faut rajouter à cet art en partie théorique que représente l’apprentissage du piano, ce que l’on appelle l’interprétation ou comment transmettre à l’autre ce que l’on entend, ce que l’on ressent de l’histoire que le compositeur a voulu nous raconter et la manière dont nous souhaitons la partager.

Souvent, pour une même composition musicale, il existe plusieurs interprétations disponibles, toutes différentes, parfois ressemblantes mais quelquefois très opposées, uniques à chaque fois et relatives à l’interprète du moment.

Comprendre la vision de l’artiste

Quelle a été la vision personnelle du compositeur et qu’a t-il souhaité nous transmettre ? Il s’agit ici de définir le caractère personnel de l’œuvre en considérant celui du compositeur lors de sa création.

Parfois, les partitions donnent quelques indications mais cela ne suffit pas. Comment interpréter ce qui n’est pas écrit ? Il est alors nécessaire, dès que l’on commence à maîtriser techniquement la partition, de définir personnellement les sentiments que l’on souhaite y associer. 

Prendre des libertés

Ainsi, interpréter une œuvre au piano, c’est s’accorder une certaine liberté, tout à fait autorisée et propre à chacun.  Nous ressentons la musique tous de manière différente. Tout dépend de notre culture musicale et de notre personnalité. Interpréter, c’est se donner cette liberté, plus ou moins grande, d’offrir une lecture inattendue à son auditoire. 

Pour prendre deux exemples connus, Glenn Gould est aujourd’hui considéré comme un interprète tout à fait surprenant. Il vit sa propre identité artistique à l’extrême lors de ses interprétations.

Plus contemporaine, Katia Buniatishvili apporte à son jeu une dimension émotionnelle rare et unique en son genre. Chacun y met de son histoire et de sa propre personnalité. C’est une subtil mélange de créativité et d’audace, mêlé à la sensibilité et à l’imaginaire de chacun.

L’interprétation au piano : un phrasé aux subtiles nuances 

Alors, Fortissimo ou Pianissimo ? Comment décider ? 

Une œuvre a un style, toujours, et cela dépend la plupart du temps de son époque. Mozart ou Chopin n’ont pas écrit avec la même ambition que Satie ou Bartok. Il s’agit donc dans un premier temps de bien définir le style du morceau choisi, puis, de décider des nuances à apporter à son propre jeu.

La compréhension et l’écoute

C’est à ce moment précis que l’on prend conscience de l’importance de la compréhension de la partition. Les nuances sont souvent bien renseignées sur les partitions dites classiques, beaucoup moins sur les partitions plus contemporaines. C’est un début pour prendre la liberté de faire évoluer ces indications. 

Nous soulignerons alors un point important à l’écoute d’une œuvre les yeux fermés, à savoir la complémentarité des deux mains. C’est une histoire à deux voix, notre main droite et notre main gauche se parlent et se répondent.

D’où l’importance de bien comprendre cette complémentarité lors de son interprétation au piano et de bien rester à l’écoute, tout comme deux personnages dans une pièce de théâtre dont on est le metteur en scène.

Mais aussi, la main droite jouant la mélodie, on lui accorde le plus souvent la primeur, mais en réalité, les nuances de jeu se font bien entre les deux mains, qui se complètent et s’opposent selon la volonté du compositeur et la liberté de son interprète. 

C’est au moment précis où les doigts se posent sur le piano que l’on sait la manière unique et propre à cet instant, dont l’œuvre sera interprétée. Tout se joue dès la rencontre des mains avec le clavier et c’est cela la magie du piano. L‘interprétation d’une œuvre est liée indéniablement à notre cœur et à notre ressenti, indissociable à notre apprentissage du piano.